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bert, le seul Herbert de toute la liste, et que j’avais demandé : « Que sait-on de lui, oncle ? » Mais Roland avait marmotté quelques mots inintelligibles, et s’était éloigné. Je me rappelai aussi avoir vu, sur le mur de la chambre de Roland, la trace laissée par un tableau de la même dimension. Il avait été ôté de là avant ma première visite ; mais il fallait qu’il y fût resté des années pour avoir laissé cette trace. Bolt peut-être l’avait suspendu là durant la longue absence de Roland sur le continent. Si jamais j’ai un… Quels étaient les mots qui manquaient ? Hélas ne se rapportaient-ils pas au fils perdu pour toujours, mais évidemment non encore oublié ?


CHAPITRE IV.

Mon oncle était assis d’un côté de la cheminée, ma mère de l’autre, et moi à une petite table entre eux, prêt à prendre note des résultats de leur conférence ; car ils s’étaient réunis en grand conseil pour taxer leurs fortunes, déterminer ce qu’on mettrait en commun pour la liste civile, et ce qu’on mettrait de côté comme fonds perdu.

Or, ma mère, en vraie femme qu’elle était, avait un amour de femme pour une sorte d’ostentation, tranquille comme elle-même ; elle aimait à faire bonne figure aux yeux du voisinage. Elle voulait non-seulement qu’une pièce de six pence allât aussi loin que six pence doivent aller, mais encore que, dans sa course, elle émît une splendeur la fois douce et imposante ; non pas une flamme extravagante, un éclat qui étonne comme celui d’une aurore boréale (cela n’est pas dans le rôle modeste et placide d’une pièce de six pence), mais un rayon d’aimable et bienfaisante lumière qui annonçât qu’on avait dépensé six pence, et qui laissât le temps de dire : Regardez, avant que

L’abîme ténébreux n’eût englouti le tout.

Ainsi que j’ai déjà eu occasion de le dire au lecteur, nous