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possède aucune pièce de monnaie qui ait eu cours à Athènes au temps où Pisistrate s’y épelait Peisistratos.

« Votre affectionné père,
« A. Caxton. »

Ce fut là vraiment le premier embarras pratique produit par ce triste anachronisme, que mon père avait si prophétiquement déploré. Il n’y a rien de tel que l’expérience pour prouver l’importance d’un compromis en ce monde. Je continuai à mettre Peisistratos au bas de mes devoirs, et une seconde lettre signée Pisistrate fut suivie de l’envoi d’une crosse à balle.


CHAPITRE II.

J’avais à peu près seize ans lorsque, arrivant à la maison pour les vacances, je trouvai le frère de ma mère installé au foyer domestique. L’oncle Jack, comme on l’appelait familièrement, était un joyeux compagnon, un enthousiaste à la langue dorée, un grand discoureur qui avait dépensé trois petites fortunes à essayer d’en faire une grande.

L’oncle Jack était un grand spéculateur ; mais, dans ses spéculations, il affectait toujours de ne pas penser à lui-même. C’était toujours le bien de ses semblables qu’il avait à cœur, et qui peut compter sur ses semblables dans ce monde ingrat ? À son entrée en majorité, il avait hérité six mille livres sterling de son grand-père maternel. Il trouva alors que ses semblables étaient les victimes de leurs tailleurs. Ces neuvièmes d’hommes allongeaient notoirement leurs fractions d’êtres, en demandant des sommes neuf fois trop considérables pour les vêtements que la civilisation et peut-être un changement de climat nous rendent plus nécessaires qu’aux Pictes, nos ancêtres. Ce fut donc par pure philanthropie que l’oncle Jack fonda une Grande compagnie nationale et bienfaisante pour la confection des vêtements, laquelle entreprit de fournir au public des pantalons du meilleur drap de Saxe,