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DOUZIÈME PARTIE.


CHAPITRE PREMIER.

L’hégire est accomplie. Nous sommes tous juchés dans la vieille tour. Les livres de mon père, arrivés par le roulage, se sont tranquillement établis dans leur nouvelle demeure ; ils remplissent l’appartement attribué à leur propriétaire, savoir : une chambre à coucher et deux cabinets. Le canard est venu aussi, sous l’aile de Mme Primmins ; il s’est habitué au vieux vivier, à côté duquel mon père a trouvé une promenade qui remplace celle des pêchers en espalier, surtout depuis qu’il a fait connaissance avec certaines carpes vénérables qui lui permettent de leur donner à manger après qu’il a soigné le canard. C’est un privilège dont mon père est naturellement fier, parce que les carpes disparaissent dès que quelque autre personne s’approche. Tous les privilèges sont précieux en proportion de l’exclusivisme de la jouissance.

Or, du moment que la première carpe eut mangé le pain que mon père lui avait jeté, M. Caxton décida qu’une race si confiante ne serait jamais sacrifiée à Cérès ni à Primmins. Mais tous les poissons qui frétillaient dans le domaine de mon oncle étaient sous la surveillance spéciale de ce Protée de Bolt… et Bolt ne semblait pas homme à souffrir que les carpes gagnassent leur pain sans contribuer pour leur part aux besoins de la communauté. Tel maître, tel valet. Aussi Bolt était un aristocrate digne d’être mis à la lanterne. Il était plus Roland que Roland lui-même, par son respect pour les noms sonores et les vieilles familles ; et par cette amorce mon père l’eut bientôt