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pour lui permettre de procurer à son fils Pisistrate les avantages de l’éducation qu’on reçoit au collège de la Trinité, à Cambridge. Le coup frappait sur moi plus que sur mon père, et mes jeunes épaules le supportèrent sans trop regimber.

Tout étant réglé à notre satisfaction générale, j’allai faire ma visite d’adieu à sir Sedley Beaudésert. Il m’avait témoigné beaucoup d’amitié durant mon séjour à Londres. J’avais très-souvent déjeuné et dîné avec lui ; je lui avais présenté Squills ; et celui-ci n’eut pas plutôt jeté les yeux sur cette splendide conformation, qu’il se mit à décrire son caractère avec la plus entière exactitude, comme la conséquence nécessaire des facultés que la nature lui avait départies pour jouir des plaisirs rosés de la vie. Sa philosophie consola et enchanta sir Sedley. Nous n’avions plus reparlé du mariage de Fanny, et nous étions tous deux tacitement d’accord pour ne pas prononcer le nom de Trévanion. Mais, à cette dernière visite, tout en gardant la même réserve au sujet de Fanny, il ne fit pas scrupule de parler de son père.

« Eh bien ! mon jeune Athénien, dit-il, après m’avoir félicité du résultat des négociations et s’être vainement efforcé une seconde fois de supporter au moins une partie des pertes de mon père ; eh bien ! je vois que je ne puis insister davantage là-dessus ; mais je mets à votre service le peu de crédit que je peux avoir pour vous faire obtenir une place dans quelque administration publique. Trévanion pourrait sans doute, vous être plus utile ; mais je comprends qu’il ne soit pas l’homme à qui vous voudriez vous adresser.

— Faut-il vous avouer, mon cher sir Sedley, que je n’ai aucun goût pour les affaires publiques ? J’aime trop ma liberté. Depuis que j’ai passé quelque temps dans la vieille tour de mon oncle, je m’explique la moitié de mon caractère par ce sang d’homme des frontières qui coule dans mes veines. Je doute que je sois taillé pour la vie des cités, et j’ai des idées bizarres qui flottent dans ma tête. Elles m’amuseront quand je serai de retour à la maison, et peut-être se fixeront-elles en projets… Maintenant, pour changer de sujet, puis-je vous demander quelle espèce d’individu m’a remplacé comme secrétaire de M. Trévanion ?

— Oh ! il a un individu voûté, à larges épaules, en lunettes et en bas de coton, qui a écrit sur la rente, je crois. Il a dû