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rappelai sir Sedley Beaudésert, qui ne pouvait guère manquer de me donner ce renseignement, et qui, dans le cas contraire, me recommanderait quelque autre homme de loi. Je me rendis donc chez lui.

Je trouvai sir Sedley à déjeuner avec un jeune homme qui paraissait avoir vingt ans. L’excellent baronnet fut enchanté de me voir ; mais il me sembla qu’il était un peu embarrassé, lui si plein d’aisance et de cordialité, en me présentant à son cousin, lord Castleton. Ce nom m’était familier, quoique je n’eusse jamais encore rencontré le patricien auquel il appartenait.

Le marquis de Castleton était un objet d’envie pour tous les jeunes oisifs, et fournissait un sujet de conversation intéressante à des politiques en barbe grise. Souvent j’avais entendu parler de cet heureux coquin de Castleton, qui, à sa majorité, devait entrer en possession d’une de ces fortunes colossales avec lesquelles on pourrait réaliser les rêves d’Aladin ; d’une fortune qu’on avait mise en nourrice pendant sa minorité. Souvent j’avais entendu de plus graves bavards se demander si Castleton voudrait jouer un rôle actif en politique, et s’il maintiendrait les influences de famille. Sa mère, qui vivait encore, était une femme supérieure ; elle s’était consacrée, depuis la naissance de son fils, à remplacer son père et à le rendre digne de sa haute position. On disait qu’il était habile, qu’il avait été élevé par un précepteur célèbre dans l’Université, et qu’il suivait pour la seconde fois un cours de dernière année à Oxford.

Ce jeune marquis se trouvait le chef d’une de ces quelques maisons qui conservent encore en Angleterre l’ancienne importance des temps féodaux. Il était important, non-seulement par son rang et sa vaste fortune, mais encore par un cercle immense de relations puissantes ; par l’habileté de ses deux prédécesseurs, adroits politiques et ministres ; par le prestige qu’ils avaient légué à son nom ; par la nature particulière de ses domaines, qui mettaient à sa disposition six fauteuils parlementaires dans la Grande-Bretagne et l’Irlande ; sans faire mention de cet ascendant indirect que le chef des Castleton avait toujours exercé sur beaucoup de nobles et puissants alliés de cette maison princière. Je ne savais pas qu’il fût parent de sir Sedley, qui se mêlait si peu de politique ; aussi ce