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DEUXIÈME PARTIE.


CHAPITRE PREMIER

À douze ans, je me trouvai le plus fort de l’école préparatoire où l’on m’avait envoyé. Comme j’avais épuisé tout l’oxygène de la science contenue dans ce petit récipient, mes parents cherchèrent un endroit où je pusse respirer plus à l’aise. Durant les deux dernières années que j’avais passées à cette école, mon amour pour l’étude était revenu ; mais c’était un amour vigoureux, actif, éveillé, stimulé par la rivalité, et animé par le désir de l’emporter dans la lutte.

Mon père ne cherchait plus à mettre un frein à mes aspirations intellectuelles. Il respectait trop la science pour ne pas désirer de me voir devenir un savant, quoiqu’il m’eût dit plus d’une fois avec une certaine tristesse :

« Rendez-vous maître des livres, mais ne souffrez pas qu’ils se rendent maîtres de vous. Lisez pour vivre, ne vivez pas pour lire. C’est assez d’un esclave de la lampe pour une maison, il ne faut pas que mon esclavage devienne héréditaire. »

Mon père se mit alors à chercher un collège convenable ; et la réputation de l’Institut philhellénique arriva jusqu’à lui. Cette maison était dirigée par le docteur Herman.

Or, ce docteur Herman était fils d’un maître de musique allemand qui s’était fixé en Angleterre. Il avait achevé son éducation à l’université de Bonn ; mais trouvant que la science était une drogue trop commune sur le marché allemand pour en tirer le prix auquel il estimait la sienne, et étant d’ailleurs attaché à l’Angleterre pour ses théories de liberté politique, il