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d’abord pour sa précocité, et plus tard pour sa petitesse… Non ! le collège est l’épreuve du talent. Ramenez le bout d’homme rabougri à l’état d’enfant qui grandit, puis laissez-le, s’il se peut, grandir lentement, mais sainement, hardiment et naturellement. S’il n’arrive pas à être un grand homme, ce sera un homme du moins, ce qui vaut mieux que de rester toute la vie un petit Johnny Styles, un chêne dans une boîte à pilules. »

En ce moment, j’entrai dans la chambre, rouge et haletant, la santé sur les joues, la vigueur dans les membres, mais n’ayant qu’un corps d’enfant.

« Oh ! maman, j’ai fait monter mon cerf-volant si haut, haut ! Venez donc voir. Venez, papa.

— Certainement, dit mon père, seulement ne criez pas si fort. Les cerfs-volants ne font pas de bruit, et vous voyez comme ils s’élèvent pourtant au-dessus de tout. Venez, Kate… Où est mon chapeau ?… Ah ! merci, mon garçon…

— Kitty, reprit mon père en regardant le cerf-volant qui, attaché par la ficelle à la cheville que j’avais plantée en terre, planait calme dans les airs, n’ayez pas peur que votre cerf-volant ne s’élève pas assez haut. L’âme humaine a, pour monter, des tendances beaucoup plus puissantes qu’une charpente de lattes recouverte de quelques feuilles de papier. Mais remarquez que, pour empêcher le cerf-volant de se perdre dans l’espace, il faut l’attacher un peu à la terre ; et remarquez aussi, ma chère amie, que plus il monte, plus il faut lui lâcher de ficelle. »