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— Vous ne me demandez pas de lettre d’introduction pour Trévanion ? »

Vivian hésita. « Non je ne pense pas. Si jamais j’en ai besoin, je vous écrirai. »

Je pris mon chapeau, me disposant à partir, car j’étais encore glacé et blessé, lorsque, comme par une impulsion irrésistible, Vivian vint vivement à moi, jeta ses bras autour de mon cou et m’embrassa comme un frère embrassa un frère.

« Pardonnez-moi ! s’écria-t-il tout ému ; je ne croyais pas aimer quelqu’un comme vous vous êtes fait aimer de moi, malgré moi. Si vous ne devenez pas mon bon ange, c’est que ma nature et l’habitude seront trop fortes contre vous. Nous nous reverrons certainement quelque jour. En attendant, j’aurai le temps de voir si le monde est vraiment mon huître que je puis ouvrir avec mon épée[1]. Je veux être aut Cæsar aut nullus. C’est à peu près tout le latin que je pourrais citer. Si je deviens César, les hommes me pardonneront tous les moyens par lesquels je serai arrivé. Si je reste nullus, il y a une rivière à Londres, et dans chaque rue on peut acheter une corde !

— Vivian ! Vivian !

— Partez maintenant, mon cher ami, tandis que mon cœur est attendri. Partez avant que je vous blesse par quelque retour du grossier Adam. Partez ! » Et, me prenant doucement par le bras, Francis Vivian me fit sortir de la chambre, puis rentra et ferma sa porte.

Ah ! si j’avais pu lui laisser Robert Hall au lieu de ces exécrables typhons ! Mais ce remède lui eût-il convenu, ou bien la terrible expérience à la main de fer devait-elle lui en prescrire de plus violents ?


  1. Shakspeare, Les joyeuses commères de Windsor.