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Ce fut avec ces pensées que je pris mon chapeau le lendemain matin pour me mettre à la recherche de Vivian, et juger si nous avions trouvé le vrai fil, lorsqu’un bruit assez rare à notre porte nous fit tressaillir. C’était le coup frappé par le facteur de la poste. Mon père était au Muséum ; ma mère avait une conférence importante avec Mme Primmins, ou s’occupait avec elle des préparatifs de notre prochain départ ; Roland, Blanche et moi, nous étions au salon.

« La lettre n’est pas pour moi, dit Pisistrate.

— Ni pour moi, j’en suis sûr, » dit le capitaine.

Mais la servante entra et le confondit, car la lettre était pour lui. Il la prit avec étonnement et d’un air soupçonneux, comme Glumdalclitch prit Gulliver, ou comme, si nous sommes naturalistes, nous prenons une chose inconnue dont nous ne sommes pas bien sûrs de n’être pas mordus ou piqués.

Ah ! elle vous a piqué ou mordu, capitaine Roland, car vous avez tressailli, vous avez changé de couleur ; vous étouffez un cri en brisant le cachet, vous respirez à peine en la lisant ! La lettre paraît courte, mais vous êtes longtemps à la lire, parce que vous la recommencez plusieurs fois. Puis vous la pliez ; vous la froissez, vous la mettez dans la poche de côté de votre habit ; vous regardez autour de vous comme un homme qui se réveille d’un rêve. Est-ce un rêve de douleur ou de plaisir ? En vérité, je ne puis deviner ; car on ne voit sur ce visage d’aigle ni douleur ni plaisir, mais plutôt de la crainte, de l’agitation, de l’égarement. Toutefois ces yeux sont brillants, et un sourire se dessine sur cette lèvre de fer.

J’ai dit que mon oncle regarda autour de lui ; il demanda précipitamment sa canne et son chapeau, et se mit à boutonner son habit sur sa large poitrine, quoique le jour fût assez chaud pour faire déboutonner tous les habits.

« Vous n’allez pas sortir, mon oncle ?

— Si fait, si fait.

— Mais êtes-vous assez fort ? Permettez que je vous accompagne.

— Non, jeune homme, non ! Blanche, venez ici. » Il prit l’enfant dans ses bras, la contempla avec anxiété et l’embrassa. « Vous ne m’avez jamais fait de chagrin, Blanche. Dites : Que Dieu vous bénisse et vous protège, mon père !

— Que Dieu bénisse et protège mon cher, mon bien cher