Page:Bulwer-Lytton - Aventures de Pisistrate Caxton.djvu/275

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je n’en doute pas, Sisty. Ce jeune homme doit avoir bien mauvais cœur !

— Mon oncle paraît avoir abandonné tout espoir de le trouver à Londres ; sans cela, malgré sa maladie, je suis sûr que nous n’eussions pu le retenir dans la chambre. Il retourne donc à sa vieille tour ! Pauvre oncle, il doit bien s’ennuyer là ! Il faudra tâcher de lui faire une visite. Blanche parle-t-elle de son frère ?

— Non, car il paraît qu’ils n’ont pas vécu longtemps ensemble ; dans tous les cas elle ne s’en souvient pas. Qu’elle est charmante ! Sa mère a dû être bien belle !

— Oui, c’est une belle enfant, quoique sa beauté ait un caractère étrange. Quels grands yeux ! Et puis elle est si affectueuse ! elle aime bien Roland comme on doit aimer son père. »

Ici la conversation tomba.

Nos plans ainsi arrêtés, je n’avais pas de temps à perdre pour voir Vivian et prendre quelques arrangements pour son avenir. Ses manières avaient beaucoup perdu de leur brusquerie et je croyais pouvoir m’aventurer à le recommander personnellement à Trévanion. Je savais, après ce qui s’était passé, que Trévanion se ferait un devoir de m’obliger, et je résolus de consulter mon père à ce sujet. Jusqu’alors je n’avais pas trouvé ni fait naître l’occasion de parler de Vivian à mon père ; il avait été si occupé ! et puis, s’il m’avait proposé de lui présenter mon nouvel ami, quelle réponse aurais-je pu lui donner au lieu des cyniques objections de Vivian ? Mais comme nous allions partir, cette dernière considération perdait son importance.

Le savant n’était plus entièrement absorbé par ses livres, et j’épiai le moment où il se rendait au Muséum. Glissant alors mon bras sous celui de mon père, je lui dis en quelques mots, et tout en cheminant, comment j’avais fait cette singulière connaissance et quelle était ma position actuelle à son égard. Cette histoire n’intéressa pas mon père autant que je l’avais espéré, et il ne comprit pas toutes les complications du caractère de Vivian. Comment aurait-il pu les comprendre ? Il me répondit brièvement :

« Il me semble qu’un jeune homme, qui n’a sans doute pas six pence vaillant et dont l’éducation est si imparfaite, ne