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quelque travail sérieux et continu. Mes pensées revinrent à l’Université ; et la paix de ses cloîtres, qui m’avait paru si triste et si monotone avant que j’eusse été aveuglé par l’éclat du monde de Londres, avant que le chagrin eût un peu émoussé le tranchant de mes désirs et de mes espérances, revêtit alors à mes yeux un aspect plus séduisant. J’y voyais ce dont j’avais surtout besoin : un nouveau théâtre, une arène nouvelle, un retour partiel vers l’enfance, le repos pour des passions prématurément excitées, une nouvelle direction dans laquelle pourrait s’exercer l’activité de mon intelligence.

Je n’avais pas perdu mon temps à Londres ; j’y avais conservé, sinon l’habitude d’études purement classiques, au moins celle de l’application au travail ; j’avais aiguisé mon jugement et augmenté mes ressources intellectuelles. Je résolus donc de parler à mon père en rentrant à la maison. Mais je trouvai qu’il m’avait prévenu ; et lorsque je rentrai, ma mère me fit monter l’escalier qui conduisait à sa chambre. Avec un sourire excité par mon sourire, elle me dit que son Austin et elle avaient pensé qu’il vaudrait mieux pour moi quitter Londres dès que cela serait possible ; que mon père pouvait se passer quelques mois de la bibliothèque du Muséum ; que le bail de notre logement expirait dans quelques jours ; que l’été était avancé, la ville triste, la campagne magnifique. Bref, nous devions retourner à la maison. Là, je pourrais me préparer pour Cambridge jusqu’à la fin des grandes vacances. Ma mère ajouta en hésitant, et après une préface insinuante, que mon père, dont le revenu ne lui permettait guère de payer la pension nécessaire, comptait sur moi pour le soulager de ce fardeau en obtenant bientôt une bourse. Je sentis combien il y avait de tendresse prévoyante dans tout cela, même dans cette allusion à une bourse qui devait exciter mes facultés et m’éprouver par de nouveaux motifs d’ambition. Je n’étais pas moins charmé que reconnaissant.

« Mais le pauvre Roland, dis-je, et la petite Blanche ! viendront-ils avec nous ?

— Je crains que non, car Roland désire revoir sa tour ; et il sera en état de partir dans un jour ou deux.

— Ne pensez-vous pas, ma chère mère, que, de manière ou d’autre, ce fils perdu n’est pas étranger à la maladie de Roland, et que cette maladie est autant morale que physique ?