Page:Bulwer-Lytton - Aventures de Pisistrate Caxton.djvu/271

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rent du mâle Abîme et de la femelle Silence ; ou avec les Marcites, les Colarbasiens et les Héracléonites, que cette sotte histoire des Æons, de M. Abîme et de Mme Silence est la vérité même ; ou avec les Caïnites, qu’il faut honorer Judas parce que, en trahissant notre Sauveur, il prévoyait tout le bien qui en résulterait pour l’humanité ; ou avec, les Séthites, que Seth était une partie de la substance divine ; ou avec les Archontiques, les Ascothyptes, les Cerdoniens, les Marcionites, les disciples d’Apelle, de Sévère (ce Sévère disait que le vin avait été inventé par Satan !) et de Tatien, que tous les descendants d’Adam sont irrévocablement damnés, à l’exception d’eux-mêmes (il y a certainement encore de ces gens-là) ; ou avec les Cataphrygiens, qui furent aussi appelés Tascodragytes, qu’il fout se fourrer l’index dans le nez pour faire preuve de dévotion ; ou avec les Pépuziens, les Quintiliens pt les Artotyrites, que… mais peu importe ! Si je voulais énumérer toutes les folies des hommes qui ont cherché la vérité, je n’arriverais jamais à la fin de mon chapitre, ni à Robert Hall. Donc, que tu sois orthodoxe ou hétérodoxe, lecteur, procure-toi la Vie de Robert Hall. C’est la vie d’un homme que l’humanité tout entière gagnerait à étudier.

J’avais achevé la lecture de cette biographie, qui n’est pas longue, et je méditais sur ce que j’avais lu, lorsque j’entendis dans l’escalier la jambe de bois du capitaine. J’ouvris la porte. Il entra, le livre à la main, et je le reçus debout, également le livre à la main.

« Eh bien, jeune homme, dit Roland en s’asseyant ; le remède vous a-t-il fait du bien ?

— Oui, mon oncle, un grand bien.

— Et à moi aussi ! Par Jupiter ! Sisty, ce Hall était un fameux homme. Je suis curieux de savoir si la médecine a passé par les mêmes canaux chez nous deux. Dites-moi d’abord pomment elle a agi sur vous.

Imprimis donc, mon oncle, il me semble qu’un livre tel que celui-là doit faire du bien à tous ceux qui, comme nous, mènent la vie ordinaire du monde, parce qu’il nous introduit dans un cercle dont je soupçonne que nous connaissions fort peu de chose. Nous voyons là un homme qui s’attache directement à un but céleste, et qui dirige toutes ses facultés vers ce seul but ; qui cherche à rendre son âme aussi parfaite que pos-