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— Je ne vous comprends pas bien, mon cher ami. Je reconnais que je ne puis rien lui apprendre, mais vous qui êtes si savant… »

Mon père prit la main de ma mère.

« Nous ne pouvons rien lui apprendre à présent, Kitty. Nous l’enverrons à l’école pour y recevoir les leçons…

— De quelque professeur qui en sait beaucoup moins que vous.

— De quelques camarades qui referont de lui un enfant comme eux, dit mon père presque avec tristesse. Vous vous rappelez, ma chère amie, ces noisetiers plantés par notre jardinier du pays de Kent. Lorsqu’ils furent arrivés à leur troisième année, vous commençâtes à calculer combien ils rapporteraient, et un beau matin vous les vîtes coupés au niveau du sol. Cela vous chagrina beaucoup, et le jardinier répondit à vos questions qu’il ne fallait pas qu’ils rapportassent trop tôt… Ce n’est pas manque de fécondité qu’il y a ici ; mais il faut reculer l’heure du produit, afin que l’arbre dure.

— Envoyez-moi à l’école, » dis-je en levant languissamment la tête et en souriant à mon père.

Je l’avais compris tout de suite, et c’était comme si la voix de ma vie elle-même lui eût répondu.


CHAPITRE VI.

Un an après que cette résolution avait été prise, je me trouvais à la maison pour les vacances.

« J’espère qu’on rend justice à Sisty, dit ma mère. Je crois qu’il est presque aussi enjoué qu’avant d’aller à l’école… Je voudrais que vous l’examinassiez, Austin.

— Je l’ai examiné, mon amie. Il est juste ce que j’attendais, et je suis très-content.

— Quoi ! vous pensez qu’il se porte réellement mieux ? s’écria ma mère toute joyeuse.

— Il ne s’inquiète plus de botanique, à présent, dit M. Squills.