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Pisistrate, avec un faible sourire. Non, en vérité, Ce n’est pas cela ! Je n’ai à me plaindre de rien. Je ne souhaiterais aucun changement… s’il m’était possible de rester.

Trévanion, m’examinant d’un air rêveur. Et votre père approuve-t-il que vous me quittiez ainsi ?

Pisistrate. Oui, tout à fait.

Trévanion, après un moment de réflexion. Je vois ce que c’est. Il veut vous envoyer à l’Université, faire de vous un rongeur de livres comme lui. Bah ! cela ne se fera pas ; vous ne serez jamais complètement un homme de livres ; cela n’est pas dans votre caractère. Jeune homme, encore que je puisse paraître insouciant, je lis très-facilement dans les caractères, lorsque cela me plaît. Vous avez tort de me quitter. Vous êtes taillé pour le grand monde. Je puis vous ouvrir une belle carrière. Je veux le faire… c’est le désir de lady Ellinor… elle tient beaucoup à cela… pour l’amour de votre père aussi bien que pour vous. Je n’ai jamais demandé de faveur aux ministres, et je n’en demanderai jamais. Mais (ici Trévanion se leva tout à coup, et il ajouta, la tête haute, avec un geste rapide), mais un ministre peut disposer comme il lui plaît de son patronage. Voyez-vous, C’est encore un secret, et je le confie à votre honneur. Avant que l’année soit finie, je ferai nécessairement partie du cabinet. Restez avec moi, je vous garantis votre fortune. Il y a trois mois, je n’aurais pas tenu ce langage. Plus tard, je vous ouvrirai le Parlement… Vous n’avez pas encore l’âge… travaillez jusque-là… Et maintenant asseyez-vous, et écrivez mes lettres. Il y a un arriéré considérable !

— Mon cher, bien cher monsieur Trévanion, dis-je avec une émotion qui m’ôta presque la parole, et saisissant sa main, je la serrai dans les miennes ; je n’ose, je ne puis pas vous remercier ! Mais vous ne connaissez pas mon cœur ; il n’est pas ambitieux. Non, si je pouvais rester ici pour toujours aux mêmes conditions… ici… Et je regardais tristement la place où Fanny s’était tenue la veille… Mais c’est impossible. Si vous saviez tout, vous seriez le premier à me dire de partir !

— Vous avez fait des dettes ? dit froidement l’homme du monde. C’est mal, très-mal ! pourtant…

— Non, monsieur, non ; pis que cela.

— Il est difficile, jeune homme, bien difficile de faire pis