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NEUVIÈME PARTIE.


CHAPITRE PREMIER.

Et mon père mit ses livres de côté.

Ô jeune lecteur, qui que tu sois ! toi du moins, lecteur qui as été jeune, ne peux-tu te rappeler un temps où, portant encore en secret le poids d’affreuses douleurs, tu laissas là ce monde dur et sévère qui s’était ouvert à toi lorsque tu tournas tes pas loin du seuil paternel, pour revenir vers ces quatre murs tranquilles entre lesquels tes parents sont assis en paix ? Et n’as-tu pas vu avec un étonnement mêlé de tristesse combien tout y est resté calme et heureux ? La génération qui t’a précédé dans le chemin des passions, la génération de tes parents (qui n’est peut-être pas éloignée de la tienne d’un grand nombre d’années), à quelle incommensurable distance ne paraît-elle pas, cependant, de ta turbulente jeunesse, plongée qu’elle est dans un paisible repos ! Elle jouit d’une sorte de tranquillité classique, semblable à celle des antiques statues des Grecs. Cette routine monotone dans laquelle sont plongés ceux qui t’ont précédé, les occupations qui leur suffisent pour être heureux à l’entour du foyer domestique, chacun dans son fauteuil et dans le coin qu’il a choisi, combien tout cela ne contraste-t-il pas étrangement avec ta fébrile excitation !

Et voilà qu’ils te font une place au milieu d’eux ! Ils te souhaitent la bienvenue et reprennent ensuite leurs silencieuses occupations, comme s’il n’était rien survenu. Rien survenu ! tandis que dans ton cœur il te semblait peut-être que le monde avait perdu son axe, que tous les éléments étaient en