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rouges, ses yeux baissés. Il me sembla que j’avais commis un crime… que le déshonneur s’était attaché à moi. Et pourtant je réprimai, oui, grâce au ciel ! je réprimai ce cri qui me gonflait le cœur, ce cri qui cherchait à s’échapper de mes lèvres : Ayez pitié de moi, car je vous aime ! Je le réprimai, je ne poussai qu’un gémissement… la plainte de mon bonheur perdu ! Puis, me levant, je posai la miniature sur la table, et je dis d’une voix que je crus ferme :

« Mademoiselle, vous avez été pour moi aussi bonne qu’une sœur ; c’est pour cela que je disais à votre portrait un adieu de frère : il vous ressemble tant !

— Adieu ! répéta Fanny sans relever les yeux.

— Adieu, ma sœur ! Voilà que je vous ai dit ce mot hardiment ; car… car… » Je me précipitai vers la porte, et me retournant sur le seuil j’ajoutai, avec ce que je croyais un sourire : « Car on dit à la maison que… que je ne me porte pas bien, que ce travail est au-dessus de mes forces. Vous savez que les mères ont quelquefois des craintes ridicules, et… je parlerai à votre père demain… Bonne nuit. Dieu vous bénisse, mademoiselle ! »