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d’une paix profonde, si vous voulez qu’il ait les vertus de la paix.

Je ne veux pas dire que j’arrivai à ces convictions dans une seule conversation ; je résume plutôt les impressions que je reçus à mesure que je connus davantage celui de la destinée de qui j’avais eu la présomption de me charger.

En le quittant je lui dis :

« À tout événement, vous avez un nom dans cette maison ; qui demanderai-je demain en revenant ?

— Oh ! je puis vous dire mon nom à présent, répondit-il avec un sourire ; c’est Vivian, Francis Vivian. »


CHAPITRE IV.

Je me rappelle qu’un matin, quand j’étais encore enfant, je m’arrêtai devant un vieux mur, à examiner les opérations d’une araignée de jardin, que sa toile appelait en plusieurs directions à la fois. Lorsque j’arrivai, elle était le plus tranquillement du monde occupée à recevoir une mouche du genre domestique, qu’elle traitait avec aisance et dignité. Mais au moment le plus intéressant de cette absorbante occupation, survint un couple de moucherons, puis un cousin, puis une grosse mouche bleue, en différents endroits de la toile. Jamais pauvre araignée ne fut aussi bouleversée par sa bonne fortune. Elle ne savait évidemment lequel de ces présents de Dieu attaquer le premier. Après avoir abandonné sa première victime, elle se glissait vers les deux moucherons, lorsqu’à mi-chemin, l’un de ses huit yeux apercevant la grosse mouche bleue, elle s’élance aussitôt dans cette direction.

Mais le bourdonnement du cousin l’appelle, et au milieu de non embarras arrive à fondre sur la toile une jeune guêpe des plus fougueuses. Alors l’araignée perd sa présence d’esprit ; elle devient comme folle ; puis, après être restée une minute ou deux immobile de stupéfaction au centre de sa toile, elle s’enfuit en son antre de sa course la plus rapide, et laisse ses hôtes se dépêtrer comme ils pourront.