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tages qu’on pouvait tirer d’une érudition si fantastique, et consulta timidement mon père à ce sujet.

« Mon amie, répondit mon père de ce ton de voix qui embarrassait toujours, même ma mère, au point qu’elle ne savait s’il plaisantait ou s’il parlait sérieusement, certains philosophes découvriraient aisément dans toutes ces fables des significations symboliques de la plus haute moralité. J’ai moi-même écrit un traité pour prouver que le Chat botté est une allégorie sur le progrès de l’intelligence humaine, et que cette allégorie a son origine dans les écoles mystiques des prêtres égyptiens. C’est évidemment une image du culte que rendaient les habitants de Thèbes et de Memphis à ces quadrupèdes de la race féline, dont ils avaient fait des symboles religieux et des momies préparées avec soin.

— Mon cher Austin, dit ma mère en ouvrant ses yeux bleus, vous ne pensez pas que Sisty découvrira toutes ces belles choses dans le Chat botté ?

— Ma chère Kitty, vous ne pensiez pas, lorsque vous eûtes la bonté de me prendre pour mari, que vous trouveriez en moi toutes les belles choses que j’ai apprises dans les livres. Vous ne voyiez en moi qu’une créature inoffensive, assez heureuse pour plaire à votre caprice. Peu à peu vous découvrîtes que je n’en valais pas moins pour tous les in-quarto qui se sont transformés dans mon esprit en idées qui sont des mystères même pour moi. Si Sisty, comme vous appelez l’enfant (maudit soit ce malheureux anachronisme que vous avez bien fait d’abréger en un dissyllabe !), si Sisty ne peut découvrir toute la sagesse de l’Égypte dans le Chat botté, qu’importe ? Le Chat botté est un conte innocent qui plaît à son imagination. Tout ce qui éveille la curiosité est bon, si c’est innocent ; tout ce qui plaît maintenant à l’imagination se changera par la suite en amour ou en science. Ainsi, ma chère, retournez auprès de votre enfant. »

Mais je te ferais injure, ô le meilleur des pères ! si je laissais supposer au lecteur que, parce que tu semblais si indifférent à ma naissance et si peu soucieux de ma première instruction, tu étais indifférent par le cœur à ton ennuyeux Néogilos. À mesure que je grandissais, je m’apercevais de plus en plus que l’œil de mon père veillait sur moi. Je me rappelle parfaitement un incident qui, lorsque je regarde dans le passé de ma