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L’oncle Jack, qui ne s’est pas laissé intimider. Oui, en vous permettant d’y introduire autant de grec que vous voudrez !

M. Caxton, soulagé et radouci. Mon cher Jack, vous êtes un grand homme. Parlez. »

Et l’oncle Jack commença.

Mes lecteurs ont peut-être remarqué que cet illustre spéculateur était réellement heureux dans ses idées. Ses spéculations contenaient toujours une bonne chose en germe, quelque mauvais qu’en fût le fruit ; et c’était là ce qui le rendait si dangereux. L’idée dont l’oncle Jack venait alors de s’emparer fera, j’en suis sûr, un de ces jours, la fortune d’un homme ; et je la rapporte avec un soupir, en pensant combien de choses sont ainsi sorties de la famille. Apprenez donc que ce n’était rien moins que de fonder un journal quotidien sur le plan du Times, mais entièrement consacré aux arts, à la littérature, aux sciences, en un mot aux progrès de l’esprit. Je dis sur le plan du Times, parce qu’on devait imiter le puissant mécanisme de ce flambeau quotidien. Ce devait être le Salmonée littéraire du Jupiter politique, et il aurait fait gronder son tonnerre sur le pont de la science.

Il devait avoir des correspondants dans toutes les parties du globe. Dans ce foyer de lumière devait trouver place tout ce qui avait rapport à l’histoire de l’esprit humain, depuis les travaux des missionnaires dans les îles de la mer du Sud, depuis les recherches des voyageurs poursuivant ce mirage trompeur qu’on appelle Tombouctou, jusqu’au dernier roman publié à Paris, jusqu’à la dernière correction d’une particule grecque faite dans une université d’Allemagne. Il devait amuser, instruire, intéresser… il n’y avait rien qu’il ne dût faire. Il n’y avait pas un homme parmi tout le public des lecteurs, non-seulement dans les Trois-Royaumes, non-seulement dans l’empire britannique, mais encore sous la voûte des cieux, qu’il ne dût toucher de quelque manière, à la tête, au cœur ou à la poche. Le plus original des membres de la république intellectuelle devait trouver son dada dans ses étables.

« Songez, s’écria l’oncle Jack, songez à la marche de l’es-

    Je dis cela parce que Strabon n’est pas un auteur assez connu pour qu’il soit permis d’espérer qu’un autre que celui qui s’occupe de l’histoire des Erreurs humaines le sache par cœur. (Note de l’auteur.)