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Il parcourt ensuite les papiers parlementaires de la matinée et écrit des indications pour que j’en fasse des extraits, des analyses et des comparaisons avec d’autres, vieux peut-être de vingt ans. À onze heures, il se rend à un comité de la Chambre des communes, me laissant force besogne jusqu’à trois heures et demie, où il rentre. À quatre heures, Fanny met la tête dans la chambre, ce qui me fait perdre la mienne. Quatre jours de la semaine M. Trévanion disparaît alors pour le reste de la journée, dîne chez Bellamy ou au club, et m’attend à huit heures au parlement pour le cas où il aurait quelque chose à me demander, un fait ou une citation. Puis il me renvoie, la plupart du temps, avec une nouvelle liste d’instructions.

Cependant j’ai mes jours de congé. Les mercredis et les samedis M. Trévanion donne à dîner, et je me trouve avec les hommes les plus éminents des deux partis. Car Trévanion est lui-même des deux partis, ou d’aucun, ce qui revient tout à fait au même. Les mardis, lady Ellinor me donne un billet pour l’Opéra, et j’y arrive au moins à temps pour le ballet. J’ai déjà un grand nombre d’invitations pour les bals et les soirées, car on me regarde comme un fils unique qui a de grandes espérances. Je suis traité comme il convient à un Caxton qui a le droit, si cela lui plaît, de mettre un de devant son nom. Je suis devenu très-élégant ; j’ai la passion de la toilette, chose naturelle à dix-huit ans. J’aime tout ce que je fais et tout ce qui m’entoure. Je suis amoureux fou de Fanny Trévanion, qui, cependant, me déchire le cœur, car elle fait la coquette avec deux lords, un officier aux gardes, trois vieux membres du parlement, sir Sedley Beaudésert, un ambassadeur et tous ses attachés, et même (l’audacieuse friponne !) avec un évêque en perruque, qui veut, dit-on, se remarier.

Pisistrate a perdu ses couleurs et son embonpoint. Sa mère dit qu’il a bien meilleur genre ; ce qu’il attribue naturellement à ses fournisseurs Stultz et Hoby. L’oncle Jack dit qu’il est raffiné. Son père le regarde et écrit à Trévanion :

Cher T. — J’ai refusé des appointements pour mon fils. Donne-lui un cheval et deux heures de promenade par jour. — Tout à vous, A. C.

Le lendemain je suis maître d’une charmante jument baie, et je chevauche à côté de Fanny Trévanion. Hélas ! hélas !