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CHAPITRE VII.

Je fais maintenant un grand pas dans mon récit. Vous me retrouvez installé chez les Trévanion. Un très-court entretien avec l’homme d’État a suffi pour décider mon père, et la quintessence de cet entretien se résume dans cette seule phrase de Trévanion : « Je vous promets une chose, c’est qu’il ne sera jamais oisif. »

Lorsque je regarde en arrière, je suis convaincu que mon père avait raison, qu’il avait bien compris mon caractère et les tentations auxquelles j’étais le plus exposé, en consentant à me laisser négliger le collège pour entrer ainsi prématurément dans le monde des hommes. J’étais d’un naturel si porté au plaisir, que j’aurais fait de la vie de collège une longue fête, quitte à devenir ensuite phthisique par repentir.

Mon père avait encore raison de penser que je n’étais pas fait pour me vouer à l’étude, quoi que je pusse étudier.

Après tout, c’était une expérience. J’avais du temps de reste ; si l’expérience manquait, un an de retard ne serait pas absolument un an de perdu.

Me voilà donc installé chez M. Trévanion depuis plusieurs mois. L’hiver est avancé. Le parlement et la saison ont commencé. Je travaille rudement, Dieu le sait, plus rudement que je n’eusse travaillé au collège. L’emploi d’une journée vous servira d’exemple.

Trévanion se lève à huit heures, et, par tous les temps, se promène à cheval pendant une heure avant le déjeuner ; à neuf heures il déjeune dans le cabinet de toilette de sa femme ; à neuf heures et demie il entre dans son étude. À cette heure-là il s’attend à trouver fait par son secrétaire le travail que je vais vous décrire.

En rentrant, ou plutôt avant de se coucher, c’est-à-dire ordinairement après trois heures de la nuit, M. Trévanion a l’habitude de laisser sur la table de ladite étude une liste d’instructions pour son secrétaire. La suivante, que je prends