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exemple, de trois à dix grains (les bestiaux auxquels on donne du nitre engraissent) ; ou bien des parfums terreux, tels qu’il en existe dans les concombres et les choux. Un grand seigneur se faisait mettre sous le nez, tous les matins à son réveil, une motte de terre fraîche enveloppée dans une serviette. Une légère friction sur la tête avec de l’huile mêlée de roses et de sel est une bonne chose aussi. Mais, par-dessus tout, je vous recommande le sachet de safran sur la…

— Sisty, mon ami, voulez-vous me chercher mes ciseaux ? dit ma mère.

— Quelles absurdités nous chantez-vous là ! s’écria M. Trévanion. À la question !

— Absurdités ! répéta mon père en ouvrant de grands yeux. Je vous donne l’opinion de lord Bacon. Vous avez besoin de conviction. La conviction est le résultat de la passion, la passion du courage, et le courage d’un sachet de safran. Vous, Beaudésert, vous voulez rester jeune. Celui-là reste jeune le plus longtemps qui vit le plus longtemps. Rien ne conduit plus sûrement à la longévité qu’un sachet de safran, pourvu qu’on le porte toujours sur la…

— Sisty, mon dé ! interrompit ma mère.

— Vous avez raison de vous moquer de nous, dit Beaudésert en souriant, et je crois que le même remède nous guérirait tous les deux.

— Oui, reprit mon père, cela n’est pas douteux. C’est dans la cavité de l’estomac que se trouve le grand tissu central des nerfs qu’on appelle ganglions ; c’est de là que les nerfs affectent la tête et le cœur ; M. Squills nous l’a prouvé, Sisty.

— Oui, répondis-je ; mais je n’ai jamais entendu M. Squills faire mention d’un sachet de safran.

— Oh ! le sot garçon ! s’écria mon père. Ce n’est pas le sachet de safran, c’est la foi au sachet qui guérit. Appliquez la foi au centre nerveux, et tout ira bien.