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ces messieurs. Je préparerai les cercles littéraires à l’apparition du livre. Bref, je sacrifie mes intérêts, je le sais. Mon journal en souffrira. Mais l’amitié et le bien de ma patrie avant tout !

— Cher Jack ! dit ma mère affectueusement.

— Je ne puis y consentir ! s’écria mon père. Vous vous êtes fait un joli revenu. Vous êtes utile à votre poste ; et quant à ce qui est de voir les libraires, eh bien ! lorsque l’ouvrage sera prêt, vous pourrez venir passer une semaine à Londres et régler cette affaire.

— Pauvre cher Austin ! dit l’oncle Jack avec un air de supériorité et de compassion. Une semaine ! L’apparition d’un livre qui doit réussir demande plusieurs mois de démarches, monsieur. Ah ! je ne suis pas un génie, moi ; mais je suis un homme pratique. Je sais ce qu’il en est. Laissez-moi faire. »

Mais mon père s’obstina, et l’oncle Jack cessa d’insister. Il fut donc arrêté qu’on irait à Londres pour arriver à la renommée ; toutefois mon père ne voulut pas entendre parler de me laisser à la maison.

Non ; il faut que Pisistrate aille à Londres aussi, et qu’il voie le monde. Le canard se soignera bien lui-même.


CHAPITRE IV.

Nous avions eu la précaution de faire retenir, la veille, les places qu’il nous fallait (au nombre de quatre, en comptant celle de Mme Primmins), dans ou sur le Soleil, diligence qui venait d’être lancée dans la circulation pour la plus grande commodité du voisinage.

Cet astre lumineux se levait en une ville distante d’environ sept milles de notre demeure, décrivait d’abord une orbite très-erratique parmi les villages adjacents, et abordait enfin la grande route sur laquelle il achevait sa carrière, aux yeux des hommes, avec la majestueuse rapidité de six milles et demi à l’heure. Mon père, les poches pleines de livres, et portant sous