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rendre justice, bien qu’elle fût ambitieuse, Caroline n’était pas intéressée.

De cette façon les jours s’écoulaient au presbytère, égayés et variés par des plaisirs nouveaux sans cesse renaissants, et tout concourait à gâter l’héritière, s’il est possible que la bienveillance et la prospérité gâtent jamais ce qui est bon. Est-ce aux frimas, ou aux rayons du soleil que la fleur s’épanouit, et que le fruit naissant mûrit ?


CHAPITRE III

Rod. Que ces lieux solitaires sont charmants…

. . . . . . . . . . . . . . .

Ped. Quels étranges accords avons-nous entendus au loin ?

Cur. Nous vous avons dit ce qu’il est ; combien de temps nous l’avons cherché ; quels sont et son caractère et son nom.

(Beaumont et Fletcher. — Le Pèlerin.)

Un jour que les dames se trouvaient réunies dans le boudoir de mistress Merton, Éveline s’était assise auprès de la fenêtre pour faire répéter à la petite Cécile ses verbes français ; elle venait d’achever cette agréable tâche, lorsqu’elle s’écria :

« Dites-moi donc à qui appartient cette vieille maison ; cette maison qui a des pignons si pittoresques avec des tourelles gothiques, et qu’on aperçoit là-bas à travers les arbres. J’ai toujours oublié de vous le demander.

— Oh ! ma chère miss Cameron, c’est Burleigh, répondit mistress Merton ; n’y êtes-vous pas encore allée ? Que Caroline est sotte de ne vous y avoir pas menée ! C’est une des curiosités du pays. Ce domaine appartient à un homme dont vous avez souvent entendu parler : M. Maltravers.

— Vraiment ! s’écria Éveline, et elle se mit à considérer avec un nouvel intérêt l’édifice gris et triste que le soleil, en l’éclairant de ses rayons, détachait des sombres massifs de sapins qui l’environnaient. Et M. Maltravers, lui-même… ?

— Il est encore à l’étranger, quoique, en effet, j’aie en-