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apparent que l’indifférence d’Éveline pour tous les flatteurs et les soupirants qui l’environnaient, il cessa de craindre un rival. Il commença à se sentir assuré que chacun d’eux était sorti triomphant de l’épreuve, et qu’il pourrait demander de l’amour sans avoir à trembler pour la durée et la constance de ce sentiment. C’est à cette époque qu’ils furent invités, l’un et l’autre, avec les Doltimore à passer quelques jours chez les Montaigne dans leur villa près de Saint-Cloud ; et ce fut là aussi que Maltravers résolut de connaitre son sort.


CHAPITRE IV

Chaos de la pensée et de la passion.
(Pope.)

Le cours de ce récit nous amène maintenant à une scène toute différente.

Entre Saint-Cloud et Versailles il existait à cette époque et il existe peut-être encore une maison isolée et triste, appropriée aux aliénés. Triste, non à cause du site où elle se trouve, mais à cause de l’objet auquel elle est consacrée. Les fenêtres de cette maison, située sur une hauteur, dominent, au delà des sombres murailles qui entourent les jardins, une de ces perspectives ravissantes qui valent à la France le titre de « la Belle ». On y voit au loin la Seine majestueuse qui, large et sinueuse, traverse des plaines variées et réfléchit les riants Villages et les blanches maisons de campagne. Puis aux alentours et bien loin à l’horizon s’étendent, sous le ciel bleu et transparent de ce climat, les forêts sombres et touffues de Versailles et de Saint-Germain. On aperçoit aussi à la lisière du paysage cette cité superbe, couronnée de mille clochers, au milieu desquels se dressent orgueilleusement au-dessus des autres, l’aire de l’aigle de Napoléon, les Tours de Notre-Dame.

Éloigné, isolé, ce lieu domine pourtant le monde turbulent qui s’agite au-dessous ; et la démence y contemple des paysages qui pourraient charmer les yeux rêveurs de l’imagination ou de la sagesse. Castruccio Cesarini était assis