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née, lorsque lord Saxingham s’approcha de lui, et l’entraîna vers une fenêtre.

« J’ai lieu de croire que votre visite à Windsor a bien fait, dit le comte.

— Ah ! vraiment ! je l’avais bien pensé.

— Je ne crois pas qu’un certain personnage consente jamais à la question de *** ; et le premier ministre que j’ai vu aujourd’hui m’a paru froissé et irrité.

— De mieux en mieux ; je suis convaincu que nous sommes dans la bonne voie.

— J’espère qu’il n’est pas vrai, Lumley, que votre mariage avec miss Cameron soit rompu. Le bruit en courait au club, comme vous y entriez.

— Démentez ce bruit, mon cher lord, il faut le démentir. J’espère, d’ici au printemps, vous présenter lady Vargrave. Mais qui donc a répandu ce bruit absurde ?

— Votre protégé Legard dit qu’il en tient la nouvelle de son oncle, qui lui-même la tenait de sir John Merton.

— Legard est un sot, et sir John Merton est un âne. Legard ferait bien mieux de s’occuper de son bureau, s’il veut faire son chemin ; et vous devriez bien le lui dire de ma part. J’ai entendu je ne sais où qu’il parle d’aller à Paris. Vous devriez bien lui faire entendre qu’il ferait bien de renoncer à de pareilles habitudes d’oisiveté. Les fonctionnaires publics ne sont pas maintenant ce qu’ils étaient jadis ; il faut gagner l’argent qu’on empoche. Du reste Legard ne manque pas de moyens, et mérite de l’avancement. Quelques mots d’avertissement de votre part lui feront le plus grand bien.

— Soyez sûr que je le sermonnerai. Voulez-vous dîner avec moi aujourd’hui, Lumley ?

— Non, j’attends mon co-administrateur, M. Douce, pour parler d’affaires….. un dîner en tête-à-tête. »

Lord Vargrave croyait avoir très-adroitement décidé M. Douce à laisser courir sa dette pour le moment ; et, en attendant, il l’accablait de marques de condescendance. Celui-ci avait dîné deux fois chez lord Vargrave, et lord Vargrave avait dîné deux fois chez lui. Le dîner plus intime de ce jour-là avait pour motif une lettre de M. Douce, dans laquelle il demandait à voir lord Vargrave, pour l’entretenir d’affaires sérieuses. Vargrave, qui n’aimait pas du tout le mot d’affaires de la part d’un monsieur à qui il devait de l’argent, pensa que le moyen de faire passer les choses en douceur c’était de les arroser de champagne.