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LIVRE VI.


CHAPITRE I


Cette antique cité, comme elle prend des airs coquets au milieu des grâces de la nature qui l’environne ! Les nations diverses s’y confondent comme les flots de la mer ; pourtant on n’y est pas à l’étroit, et l’on y circule librement dans des rues spacieuses.
(Young.)
Il faisait encore entendre des grincements de dents et de vaines menaces de vengeance.
(Spencer.)

« Paris est un lieu charmant ; tout le monde en convient. Charmant pour la jeunesse, pour les gens qui s’amusent, et pour les oisifs ; charmant pour un littérateur à la mode qui aime à être encensé, ou pour un épicurien plus sage, qui se livre à un appétit plus excusable. C’est un lieu charmant pour les dames qui aiment à vivre à l’aise, et à s’acheter de beaux bonnets ; charmant pour les philanthropes qui ont besoin qu’on écoute leurs projets de coloniser la lune ; charmant pour les gens qui fréquentent les bals et les ballets, les petits théâtres et les cafés resplendissants, où des hommes ornés de barbes de toutes grandeurs et de toutes formes lancent des regards farouches aux Anglais, et s’abîment au milieu des combinaisons séduisantes du jeu de dominos. Pour ces gens-là, et pour beaucoup d’autres, Paris est un lieu charmant. Je n’ai pas de mal à dire d’eux. Mais, pour mon compte, j’aimerais mieux vivre dans un grenier à Londres que dans un palais de la Chaussée d’Antin. Chacun a son mauvais goût.