Page:Bulwer-Lytton - Alice ou les mystères.pdf/156

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LIVRE IV.


CHAPITRE I


Mal à l’aise chez les autres, mécontent chez lui…

. . . . . . . . . . . . . . .

La sagesse nous montre le mal sans nous montrer le remède.

(Hammond. — Élégies.)


Deux ou trois jours après l’entrevue de lord Vargrave avec Maltravers, la solitude de Burleigh fut animée par l’arrivée de Cleveland. Dans les intervalles de répit qui lui laissait sa goutte, dont les attaques étaient maintenant plus fréquentes que jadis, le bon vieillard était aussi gai, aussi intelligent que jamais. Aimable, indulgent, bienveillant, instruit, Cleveland avait, dans ses opinions, juste assez de l’homme du monde pour les rendre sensées, mais aussi pour en borner l’étendue. Tout ce qu’il disait était parfaitement rationnel ; néanmoins sa conversation laissait à désirer aux personnes d’imagination ; sa philosophie leur paraissait froide.

« Je ne puis vous dire combien je suis surpris et charmé du soin que vous mettez à embellir cet antique et beau domaine, dit-il à Maltravers, pendant que, appuyé d’un côté sur sa canne et de l’autre sur le bras de son ci-devant pupille, il visitait attentivement le parc. Je reconnais partout ici la présence du maître. »

Certes l’éloge était mérité. Les jardins étaient maintenant en ordre, les vieilles clôtures réparées ; les mauvaises herbes n’envahissaient plus les allées. La nature était partout secondée et embellie par l’art, sans être étouffée par le secours trop officieux de ce serviteur exigeant. Dans la maison