Page:Bulteau - Un voyage.pdf/80

Cette page a été validée par deux contributeurs.
65
harlem

architecture comme une dépendance aussi logique qu’un cloître ou un cimetière. Il semble, abrité aux ornements de ce mur gris et noir, faire un peu partie du culte.

Toujours flânant, on va voir le bois, fragment de forêt séculaire où des arbres géants gardent sous leurs branches une obscurité épaisse. Autour, des maisons élégantes, à l’aise dans les jardins de fleurs, se dressent toutes noyées d’ombres vertes. C’est le point où le repos de la ville se perçoit le mieux. Une somnolence vous engourdit délicieusement. Pourtant, quelque part, on le sent, on le sait, il y a une pointe aiguë qui tout à l’heure va piquer les nerfs, vous réveiller frémissant. Au fond du sommeil exquis que verse la ville charmante, il y a : Franz Hals !

Et plus les minutes passent, plus le désir des sensations qui vous attendent là–bas, au musée de l’hôpital, grandit, brise la paresse, devient impatient.

Il me harcèle, ce désir, tandis que, revenue dans l’église, j’écoute l’orgue célèbre. Une fois par semaine, l’organiste donne, pendant une heure, un récital qui attire la foule. Il ne joue pas les grandes musiques augustes — ce jour−là du moins — mais des pièces destinées à mettre en valeur les divers registres de l’orgue : hautbois, cor, voix célestes, voix humaine. Ce hautbois amplifié, si puissant malgré sa douceur, est admirable, et admirable le tendre dialogue de la voix humaine qui pleure et tremble, et de la voix céleste blanche et brillante :