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un voyage

Dans ce qui reste de leurs habitudes anciennes, ou dans leur métier de bêtes curieuses ? Badigeonnent–ils leurs maisons de ces jolies couleurs brutales, parce que leurs goûts demeurent identiques à ceux des ancêtres, ou parce que ces couleurs, et leurs vestes, leurs boutons d’argent, leurs épingles dorées, inclinent les voyageurs à donner des gulden ? Évidemment, ils ne savent pas eux–mêmes où commence leur rôle de figurants. Ils se jugent tout pareils à leurs devanciers. Ah ! qu’ils sont différents ! Nous le sentons d’un sûr instinct, nous, venus après tant d’autres leur enlever ce que nous espérions trouver en eux : la stabilité !

Ces pêcheurs si bien faits pour satisfaire le tou riste, qui demande à Cook la culture générale dont chacun pense maintenant avoir besoin, ces pêcheurs ne nous apportent pas plus l’image du calme et de la durée que les commis convulsifs qui se hâtent autour des Bourses. Ils nous laissent moins paisibles que les grands vaisseaux vibrants d’impatience et prêts à partir. Le truquage inconscient de leur pittoresque, ne nous donne pas plus la certitude d’une rassurante fixité, que les modes inconstantes de ceux qui mènent une course hâtée, à la poursuite de sensations neuves. Même, parce que rester pareils est devenu pour eux une sorte de profession et que, si on peut dire, ils font commerce de ne pas changer, le signe du temps est plus visible sur eux.

Cette fatigue que nous cause le mélange de toutes les choses, le rapetissement de la Terre, la destruc-