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leyde

Le musée municipal est plein de choses qui amusent l’esprit : meubles, tapisseries, objets de ménage. Des chambres sont reconstituées avec leur mobilier complet : la table où mangeait la famille nombreuse, exercée au respect ; le berceau auprès duquel on chantait à voix basse ; les cuivres polis et, au fond de la cheminée, peint sur une plaque de faïence, un gros chat qui se chauffe. Là aussi, on voudrait rester.

Dans une vitrine au premier étage, j’aperçois une bizarre collection, plaques, broches, médaillons, enfermant des « sujets » travaillés en cheveux. Il y en a de blonds et de bruns, enlevés sans doute à de jeunes têtes amoureuses, de blancs que des mains tremblantes coupèrent sur le front immobile des morts. Ces reliques émeuvent par la tendresse pieuse qu’elles expriment. Et puis le symbole vient de si loin ! Nul ne sacrifie plus sa chevelure aux dieux, mais bien longtemps encore, on donnera et prendra une mèche de cheveux en signe d’amour. Ainsi, les transposant un peu, en oubliant l’origine, l’homme recommence éternellement les mêmes gestes.

En haut du musée un grand et assez vilain tableau montre le bourgmestre Van der Wreff entouré de ses concitoyens, qui, les yeux hors de la tête, témoignent d’être fort en colère. On s’explique leur mécontentement. Les Espagnols bloquaient Leyde — c’est en 1574, je crois, que se passe cette