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l’ombrie

François n’a aucune inquiétude ; toute sa belle joie est revenue ; il chante le soleil éblouissant, et l’eau précieuse et chaste.

On l’emporte enfin dans le petit couvent où il a tant espéré, tant prié, connu un tel bonheur : la Portioncule. Il a fait, dans un testament, ses adieux à sainte Claire, maintenant il songe à une autre amie chère à son cœur : Jacqueline de Settesoli, une grande dame romaine qu’il appelle en riant : frère Jacqueline. Il veut qu’on écrive à frère Jacqueline de le venir trouver. L’aurait-on fait ?… On n’eut pas à le faire. Guidée pas l’instinct des grandes tendresses, Mme  de Settesoli arrivait à la porte au moment même où il commandait qu’on envoyât un messager vers elle. En la voyant, il devint si gai qu’elle crut qu’il pouvait guérir. Il la détrompa. Et, heureux d’être ensemble, malgré la fin si proche, ils causèrent délicieusement dans les sublimes journées d’automne.

Les forces de François déclinaient, mais sa faible parole brisée gardait une merveilleuse puissance, soutenait les cœurs, répandait les forces et la joie. Le 3 octobre 1224, à la nuit tombante, il mourut, si doucement, qu’on n’entendit pas son dernier souffle. Et comme tous restaient silencieux, doutant s’il vivait encore, un grand vol d’alouettes tomba en chantant sur le chaume de la cellule.

Ce soir-là, du fond de la campagne, les gens virent qu’Assise était toute illuminée. Ils com-