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encore que par leur beauté, et dont, mieux qu’aucune coquetterie, la grâce maternelle enflamme le sang des passionnés. Ces angéliques créatures appellent le sacrilège.

Attilio aime la marquise. Il le niera toujours avec obstination. — Mais, que ne niera-t-il pas !

Dans la suite les servantes avoueront que, toutes, elles devinaient cet amour. On se rappellera que Lucrezia ayant dit qu’elle préférait à toutes autres couleurs le blanc et le rouge, Pavanello courut se faire faire des habits blancs et rouges. Et aussi que parfois, Lucrezia étant à sa toilette, il entrait brusquement et d’un air tout ému. Et mille autres signes encore. Il aime. Humblement d’abord, et de très loin. Il se contente d’être près d’elle, dans le silence parfumé des églises, de communier avec elle, au cours des pieuses excursions qu’ensemble ils font à Rome, à Lorette, à Assise. Et puis, tant d’intimité, le voisinage de cette âme qui brûle, pour Dieu seul, mais elle brûle, enfin ! — tout contribue à empoisonner la pure tendresse. Pavanello est sensuel, et violent sous ses grâces. Il n’aime pas longtemps d’un amour résigné.

Et Lucrezia ? Si elle a aimé Pavanello, elle n’en a rien su. Seulement, lorsqu’elle est d’humeur gaie ce jeune homme la fait rire ; si elle est mélancolique il se tait : il prie auprès d’elle fervemment ! Aux heures où l’âme de Lucrezia monte vers le ciel, l’âme d’Attilio suit la sienne — elle le croit. — Quand le bonheur d’avoir reçu son Dieu la bouleverse, les yeux émus d’Attilio cherchent ses yeux… Com-