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padoue

Quand les Obizzi reviennent, ils trouvent leur fils dans tout le feu de cette nouvelle amitié. On remercie chaudement Attilio Pavanello. On lui ouvre la maison. Grande aubaine pour lui dont la fortune est mince et la noblesse petite. Il s’efforce de plaire, et réussit à miracle. Le marquis ne peut plus se passer de lui un seul instant, l’emmène partout, le fait coucher dans sa chambre — sans doute le jour ne suffit pas pour causer théâtre avec le cher Attilio, qui goûte comme personne les pièces de son patron.

Lucrezia traite le jeune homme avec la bonté qu’elle a pour tous, et s’accommode sans déplaisir de sa perpétuelle compagnie. Il conte des drôleries qui la font rire. À la promenade, il s’assied en face d’elle dans le carrosse. C’est avec lui qu’elle organise au château de Cataio, les installations pour l’été. Et elle ne veut nul autre que lui pour l’aider. Il amuse la belle sainte pendant qu’elle vaque à ses travaux de ménagère. Attilio choisit et achète les étoffes, les parures, les bijoux. La familiarité est telle que, Lucrezia s’étant blessé au pied, Attilio panse chaque jour la plaie. Il est le page, l’ami, le grand enfant. Pio lui lit ses pièces ; Lucrezia l’emmène à l’église.

Et puis… Lucrezia est belle de cette pathétique beauté qui va finir. Son innocence, son calme font autour d’elle une atmosphère dangereuse pour la paix des âmes. Elle apparaît comme une sœur de Mme  de Mortsauf et de Mme  de Rênal : adorables femmes qui tentent parce qu’elles sont pures, plus