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avoir beaucoup guerroyé, se fixèrent l’un, à Gênes, l’autre à Lucques, ils firent souche, c’est d’eux que vinrent les Fiesque et les Obizzi.

Les Obizzi, ensuite, se trouvent à Ferrare, à Padoue, et en 1629, le chef de la maison, le marquis Pio, épousait Lucrezia Dondi Orologio, dont la race ancienne avait fourni des savants insignes, des capitaines et de grands prélats.

Ce Pio et cette Lucrezia qui dorment dans la chapelle ténébreuse, je vais vous dire leur histoire.

Lucrezia, élevée par une mère attentive et de grand caractère, était admirablement pure et mystique. D’abord, elle souhaitait de prendre le voile. Mais sa mère l’en détourna, et elle fit ce mariage avec un seigneur hautement né, de grande richesse, et qui l’aimait je pense, sinon pour son âme de cristal, au moins pour sa beauté touchante et noble.

Mariée, Lucrezia fut de ces femmes qui restent chez elles et filent la laine. Elle eut trois enfants dont elle s’occupait tendrement, dirigea la grande maison avec sagesse, et trouva sa passion, sa rêverie, son roman dans la religion.

Aux grandes fêtes, elle entend cinq ou six messes. Elle jeûne trois fois la semaine. Chaque matin elle prie une heure entière. Le soir, elle assemble ses gens et récite avec eux le rosaire. Souvent elle s’échappe, et va goûter son cœur, loin du monde, en des lieux de sainte réputation. Dans