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eu aussi du goût pour les Septentrionaux. — Elle a vingt ans. Aussitôt qu’elle voit Byron, elle s’émeut. « Sa noble et belle figure, le son de sa voix, ses manières et ses mille charmes[1] » font sur la jeune dame une forte impression. Les avances sont certainement venues d’elle. Et elle dit simplement : « Depuis ce soir-là, nous nous vîmes tous les jours ». Voilà !

Elle retourne à Ravenne, Byron l’y rejoint. Le comte Guiccioli veut emprunter de l’argent à Byron. Et Byron, si amoureux qu’il soit, refuse nettement. Ensuite Mme Guiccioli va en toute sérénité vivre avec son amant dans sa villa sur la Brenta. Mais le mari se fâche. Que sa femme le trompe à domicile, rien de mieux ; hors de chez lui, cela ne se peut souffrir. Il arrive, enlève la pauvre petite, la réinstalle à Ravenne. Ce procédé choque grandement le public. De quoi se mêle le comte Guiccioli ! Aussi, sentant le blâme général peser sur ses épaules, dès que la comtesse a pris le parti de tomber malade, il rappelle Byron, et lui loue un appartement de son palais… Tout va au mieux quelque temps. Le poète s’exerce au rôle de Sigisbée. À vrai dire cela comble ses ambitions, il n’en demande pas plus. Mais la jolie femme souhaite la liberté. Le comte Guiccioli redevient désagréable, elle veut une séparation. Lorsque Byron énumérera tous les désagréments que l’année 1820 lui a fournis, après la perte d’un

  1. Comtesse Guiccioli. Souvenirs.