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ravenne

elle a vécu, ne repousse pas si rudement le Visigoth fou d’amour. Il veut l’épouser. Pourquoi non ? Honorius consulté là-dessus, témoigne le plus vif dégoût et refuse son consentement. On se passe du consentement et le mariage se conclut à Narbonne après que les fiancés ont de compagnie couru les routes. Voici la fille de Théodose, reine des Visigoths, et très puissante reine, Ataülph lui obéit en toutes choses. Il comptait ravager l’Italie. Elle ne le veut pas : il y renonce. Au lieu de cela, pour lui plaire encore, il va en Espagne combattre les Vandales. Elle a vite fait de lui mettre dans la tête les grands rêves. Il songe à l’Empire. Régner sur des Visigoths, est-ce digne de sa princesse adorée ? Mais en pleine lune de miel — ils sont mariés depuis un an à peine — tout s’écroule. Un officier mécontent poignarde Ataülph. Il meurt. La reine devant qui tout pliait n’est plus qu’un otage aux mains de Singeric, le successeur d’Ataülph.

En de si pénibles circonstances, Galla Placidia se rappelle sa lointaine famille, et la voit sous un meilleur jour. Elle implore Honorius, et Honorius la réclame. Un traité avec les Barbares survient à propos. Galla Placidia y est comprise, Singeric l’échange contre six cent mille mesures de blé — poétique rançon, Elle part, traverse maint territoire plein de guerre et de périls et rejoint enfin Honorius. On peut croire qu’il la reçut avec peu d’enthousiasme. Elle s’était terriblement déclassée. Elle avait témoigné un insolent mépris pour l’autorité fraternelle : et que de blé pour la ravoir !