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a enlevé l’argent — Charlemagne, peut-être, qui déménagea si bien Ravenne. — Je doute, qu’habillé de sa parure précieuse, le sarcophage de Galla Placidia fût aussi beau que nu comme le voici, avec son marbre couleur de cierge et la simplicité de ses lignes. Il est bien trop grand pour le frêle corps de femme qu’il contient, Et cette énormité, cette lourdeur sont du plus haut orgueil.

Galla Placidia m’intéresse. Je l’imagine : volontaire et habile, avec un goût d’aventure et de domination, un sens aigu des réalités, et ce défaut de scrupule que l’extrême énergie donne souvent aux femmes, et que le pouvoir leur donne presque toujours.

C’est une fort grande dame, fille de Théodose, sœur d’Arcadius, empereur d’Orient, et d’Honorius, empereur d’Occident. Comment elle dépense son activité pendant que, au début de leur règne, ses frères, remarquables nigauds, se disputent, ma courte science ne m’en dit rien. Elle m’apparaît seulement à l’époque où Alaric assiège Rome. Honorius, trouvant la place peu sûre, file en toute hâte vers Ravenne, Galla Placidia reste. Pourquoi ? Elle s’effare moins aisément qu’Honorius, peut-être, et peut-être a-t-elle quelque curiosité des Barbares ? Elle reste. Et les Barbares la prennent. Terrible catastrophe ! Pas si terrible. Ataülph, le frère d’Alaric, dès qu’il aperçoit l’impériale jeune fille, s’éprend furieusement. Et elle, qui a une opinion faite sur son auguste et déliquescente famille, et sait ce que valent les élégants personnages au milieu desquels