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un voyage


négrillon de Netcher : la ceinture de la dame, la veste du petit bonhomme noir, une fleur ; c’est le bleu perçant de l’allumette qui bouillonne au moment de flamber. Et grâce à lui nous sentons l’opulence de la Hollande où les vaisseaux apportent l’or et les épices.

Dans les portraits de Maës, comme il est évident, dur. Il refuse l’influence des tons environnants, il résiste. Il agace l’œil, on ne peut s’en détacher. Comment sont les visages des femmes que peignait Maës ? On ne s’en soucie guère ; lui non plus, peut être, ne s’en souciait pas. Son affaire, et la nôtre, ce sont ces écharpes tourmentées de plis, si amusantes à peindre avec soin, si terriblement bleues. Elles racontent le goût vif du peintre — chose plus importante, bien plus ! que la figure du modèle.

Et puis aussi, le beau monsieur à cheval de Th. de Keyser. Vous ne songiez pas, en regardant sa figure, qu’il fût un si important personnage ; mais votre attention est saisie par les nœuds de ses manches, le velours de la selle. Le bleu triomphant agit, ces trois petites touches ont déterminé la noblesse et l’élégance. S’il est somptueux, ce cavalier, c’est à cause de ces taches de couleur qui tiennent si peu de place dans la toile immense.

Et ce tableautin de Gérard Dou : le jeune homme à sa fenêtre, léché, ciré, comme il serait indifférent ! Mais voici pendant hors de cette fenêtre un grand rideau bleu. Le bonheur de peindre est si visible sur ce rideau ! Quel agrément de donner à la chère couleur toute son importance, de proclamer qu’on