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un voyage

de la beauté ! On leur reste indulgent. C’est immoral, certes ! mais on n’y peut rien.

À deux pas du Museo Civico se rencontre une médiocre statue de Galvani. J’aime beaucoup ce que l’on m’a raconté sur la manière dont cet homme crut découvrir que les animaux étaient doués d’une électricité à eux particulière. Si cette histoire n’est pas vraie, je ne veux pas qu’on me le dise. Elle a si bien l’air d’un conte de fées comique ! Mme  Galvani était malade de la poitrine, cela est triste ; mais, pour la guérir on lui faisait boire du bouillon de grenouilles, et cela est drôle. Galvani adorait sa femme et tenait à préparer lui-même un si remarquable médicament. Vous pensez, peut-être, qu’il allait à la cuisine pour cuire ses grenouilles. Point, cela se faisait dans son laboratoire. Les petites bêtes écorchées attendaient sur une table que le physicien trouvât le loisir de vaquer au bouillon. Or, un jour, qu’elles étaient ainsi, gisantes, à côté d’une machine électrique en marche, un aide s’avisa de toucher l’une d’elles avec un scalpel. La grenouille morte, de gigoter aussitôt comme une folle, et Mme  Galvani qui était présente de courir annoncer le prodige à son mari. On sait la suite. De sorte, que si Galvani n’avait témoigné sa tendresse en fabriquant du bouillon de grenouilles, si, on avait chez lui cuisiné dans la cuisine, comme cela se pratique chez les gens raisonnables, ce physicien n’eût