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bologne

San Petronio devait être une église colossale, mais le plan ne fut point réalisé et c’est seulement une très grande église. L’histoire des monuments inachevés serait curieuse à écrire, et dans ce pays surtout. Le destin des œuvres d’art, des morceaux d’architecture, rêves splendides interrompus par les révolutions, les guerres, les bouleversements, les haines, composerait une suite de romans aussi pathétiques que les romans des humains.

Comme les palais, et davantage encore, l’intérieur de San Petronio est d’une admirable fierté. Je ne me souviens pas des raisons qui décidèrent Charles-Quint à s’y faire sacrer ; ce ne devaient pas être des raisons d’artiste ; sans doute il passait par là, tout simplement. En tous cas, il a bien choisi. San Petronio est proprement une église pour sacre d’empereur. Les lignes sont si grandes qu’on a l’impression de l’espace libre, et cela est magnifique.

On vous montre la méridienne de Cassini ; deux horloges qui indiquent : l’une, l’heure moyenne, l’autre l’heure vraie, — et ces deux horloges troublent grandement la cervelle des personnes ignardes et affamées d’absolu ; on vous montre de très beaux vitraux, une foule de choses ; et puis deux anges de marbre auxquels il faut s’intéresser.

Ils sont l’œuvre d’une demoiselle Properzia de Rossi, née à la fin du xve siècle.

Cette Properzia avait commencé sa carrière d’artiste en sculptant sur des noyaux de fruit des scènes