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NUREMBERG


Je suis venue bien des fois à Nuremberg ! J’y ai laissé tant de fragments de mon âme que, pour voir ses rues, ses églises, ses objets d’art, et non ma propre histoire, il faut un effort que je ne fais pas toujours. Peu d’endroits me rendent si bien de chers visages disparus, des voix que je ne dois plus entendre. Je l’aime avec une tristesse infinie, la cité rouge et brune où jamais une minute je ne suis seule…

C’est la première « vieille ville » que j’aie vue ; et son pittoresque m’a d’abord jetée dans une rêverie hallucinante qui persiste. Certes, je me rends compte qu’en mainte place le décor n’est pas authentique. Telle maison, qui, sous les fumées et les pluies a rapidement gagné une apparence séculaire, est moderne de toutes pièces. Tel pignon gigantesque où les nombreux étages s’entassent les uns sur les autres avec de brusques rétrécissements, n’a pas quatre cents ans, comme il paraît, mais dix, ou moins. Les adorables fontaines sont restaurées recolorées, certaines presque entièrement refaites, peut-être. On a démoli les remparts en plus d’un endroit pour laisser place à des bâtisses