Page:Bulteau - Un voyage.pdf/376

Cette page a été validée par deux contributeurs.
361
ratisbonne

vingt mille personnes et gagnaient quatre millions par an. Leur privilège, un moment ébranlé au temps de la Révolution française, fut rétabli en 1815. Puis enfin, les états allemands le rachetèrent, et cette diligence jaune que voici entra dans le repos.

Le palais, très régulier, très digne, a de la monotonie. Près de la cour d’honneur un immense cloître, — le cloître du très ancien monastère de Saint-Emmeran dont l’église touche au palais.

Après une longue marche à travers ce cloître, j’arrive devant une porte de bronze, ciselée dans le style « cathédrale » et sur laquelle on a imité une suite d’arceaux. La perspective est si exacte qu’on croit voir, non une porte, mais une allée sans fin, trop étroite pour qu’aucun être s’y aventure et qui donne un peu mal au cœur. Le domestique qui m’accompagne pousse l’allée — la porte veux-je dire — elle s’ouvre, des marches apparaissent qui s’enfoncent dans des ténèbres où flotte on ne sait quoi d’inexplicable, ce n’est pas une lueur… qu’est-ce ? « Descendez, dit l’homme, je vous suis à l’instant. » Je descends. Bientôt il n’y a plus de marches. Et je comprends d’où vient l’étrange reflet qui circule dans cette nuit. La chapelle évidemment — c’est une chapelle ! — quoiqu’elle soit en contre-bas du cloître est dégagée des constructions qui l’environnent. Elle a des fenêtres. Les vitraux sont rou-