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moritzbourg

la Carinthie et de la Carniole, nous avons été menés jusqu’aux confins de la Bosnie et de la Croatie. Nous allions entrer dans la Basse-Hongrie lorsque, par l’événement le plus heureux, on nous a fait retourner sur nos pas. » Cette longue course a l’effet le plus étrange sur Maurice Dupin. Son insouciance, sa libre gaieté, n’en sont point revenues. Une ombre grave demeura sur son esprit. Sans doute, il ne songeait guère aux ancêtres qui, pendant cinq siècles, avaient passé victorieux, violents, pleins d’une vie formidable, où il passait misérable et humilié. Cependant… Ils étaient venus là. Et pour avoir mis le pied dans leurs pas, le descendant courageux et dégénéré rapporta une secrète tristesse, une inconsciente nostalgie, peut-être.

Il rencontre à Milan une femme ravissante, la maîtresse d’un officier supérieur. Il l’aime, elle l’aime, quitte pour le suivre et être pauvre avec lui, son riche protecteur. Ils vivent ensemble, se marient au bout de quelques années. Jusqu’à la fin, la vie de Maurice sera une humble et poignante tragédie, et son cœur déchiré entre ces deux amours, sa femme, sa mère tant chérie, si affreusement offensée par ce mariage et surtout par cet amour. Triste lutte où se torturent ces âmes délicates, filles méconnaissables d’âmes insoucieuses, fortes et dures. C’est bien fini des Kœnigsmark ? Non !

Maurice Dupin goûte à peine la précaire joie de voir sa mère accueillir et tolérer sa femme, qu’une chûte de cheval le tue. Mais il laisse une fille… Les