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moritzbourg

plus souvent, ce n’étaient que concerts, goûters, mascarades. On venait de loin pour l’y voir, — même son fils venait parfois, mais guère. Elle retrouva quelques bijoux à engager pour lui faire tenir un peu d’argent, lorsqu’il poursuivait son aventure de Courlande. Adrienne Lecouvreur aussi engagea ses bijoux et fournit plus, je crois, que l’ancienne favorite pour qui Auguste le Fort avait dépensé tant de millions.

À la fin, vieille, ruinée, poursuivie par ses créanciers, couverte de dettes, toujours gaie, agissante, elle s’occupait à fabriquer de bizarres drogues dont elle espérait santé et jeunesse, comme Christophe Jean, le vieux batailleur qui ne se battait plus, cherchait jadis des secrets de vie et de domination avec ses alchimistes et ses astrologues.

Le glas sonnait encore pour Aurore de Kœnigsmark, lorsqu’un mandataire de son fils vint réclamer l’héritage. Il se montait à cinquante-deux écus.

L’arrière expression que la vie ajoute aux visages est sensiblement pareille dans les portraits d’Auguste le Fort, et dans ceux du maréchal de Saxe. Sur le masque d’Auguste, et sur la « belle et bonne figure qui semble toujours dire : En avant ! mèche allumée, tambour battant[1] », apparaissent les mêmes signes de la tristesse physiologique apportée

  1. George Sand. Histoire de ma vie.