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un voyage

vantage : « Vous m’avez ensorcelée, et je suis la plus amoureuse des femmes. Je vous appelle à moi jour et nuit. Je vous attends, je vous souhaite et ne rêve qu’à vous », écrit-elle. Et lui : « C’est pour toi seule que je vis et que je respire. Soyons de mêmes sentiments. Aimons-nous à la folie. J’ai été à la chasse avec Monseigneur le duc de Celle et j’ai gagné ici 4.000 pistoles. »

Il est troublé, pris de toutes façons, mais il s’intéresse à ses 4.000 pistoles. Et bien qu’il appartienne à son amour, l’intrigue avec la Platen continue. À vrai dire il y a des ruptures, puis des reprises. La comtesse le poursuit, il se dérobe, elle finit toujours par l’atteindre. Elle passe des heures à pleurer, crier, frapper à sa porte. Elle est comme une bête folle d’amour et de haine. Il la raille, l’imprudent, il l’injurie et même il la cravache. Ce ne sont pas de bonnes méthodes pour détacher cette sorte de femme. Plus elle a le cœur enragé, moins elle renonce.

Sa jalousie ne tarde guère à deviner l’amour auquel on la sacrifie. Elle espionne, mais longtemps ne découvre rien. Elle fouille les tiroirs de Philippe, établit une surveillance autour de la princesse, harcèle le vieux duc pour qu’il intervienne, rompe cette liaison scandaleuse, dont elle est sûre comme de son existence. Le duc n’aime pas les histoires de famille, à peine fait-il quelques remontrances à sa belle-fille sur son amitié trop voyante pour le beau colonel. Sophie-Dorothée riposte de très haut, et le duc se garde d’insister.