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moritzbourg

lettres révèlent qu’avant de revoir Philippe elle eut une aventure, innocente peut-être, mais assez émue. — Enfin, à peine arrivé, ce séduisant compagnon des années heureuses devient la propriété de la Platen, sa pire ennemie ! Que pouvait faire Sophie-Dorothée ? Aimer. Elle n’y manqua pas.

Pour Kœnigsmark, s’il faut l’en croire, il adore la princesse dès la minute où leurs yeux se retrouvent. Et c’est probablement vrai. Comme il est probable aussi qu’en prenant Mme  de Platen pour maîtresse, il comptait exciter une jalousie favorable chez Sophie-Dorothée. Seulement il avait mal choisi son jouet. La comtesse de Platen n’étant pas de celles dont on se moque sans péril.

Bientôt Philippe révèle son amour à la princesse. Bientôt, il sait que la princesse l’aime. Le soir, un manteau sur les yeux, il se rend chez Sophie-Dorothée, reste avec elle fort avant dans la nuit. Chastes rencontres, affirme dans ses mémoires Mlle  de Knesebeck, la dame d’honneur, si admirablement dévouée. Il ne s’agissait que de causeries, elle le jure, et dont la meilleure partie consistait à couvrir la Platen du plus amer ridicule. Elle, Mlle  de Knesebeck, était toujours présente. Bonne Knesebeck, elle ne songeait pas qu’avec ses mémoires, le temps devait respecter aussi les lettres des deux amants. Lettres de Philippe, chaudes, jalouses, enivrées, lettres de la princesse, passionnées plaintives et révélatrices. Nous ne pouvons croire Knesebeck ! Nous savons comment ils se sont aimés. Même, à travers ces billets, nous savons que la princesse aimait bien da-