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moritzbourg

reusement. Malheureusement pour lui, quoique le roi Charles II le favorise, on lui trouve un peu trop les allures d’un aventurier. Et comment ne pas entrer dans les vues de cette famille ! — Kœnigsmark est mécontent. Ce rival lui prend sur les nerfs. Il confie son déplaisir à Van Waartz, qui jure aussitôt d’arranger l’affaire, et vite ! En effet, sans traîner, Van Waartz assassine le rival, car c’est un esprit direct et qui recherche les solutions simples. On l’arrête, et un camarade qu’il a pris pour l’aider, et Kœnigsmark. Van Waartz est condamné à mort. Ainsi, par un tour du destin qui n’est pas sans quelque élégance ironique, descendu par le père du gibet, auquel il avait tant de droits, Van Waartz y remonte pour avoir trop bien servi le fils. Charles-Jean est acquitté, mais il obtient ce que nous appellerions une mauvaise presse. De plus en plus, l’opinion anglaise incline à trouver ses manières un peu vives. Le roi lui conseille de partir et l’y aide. Il rentre en France, lève à ses frais un régiment, se bat, est blessé au siège de Courtray, guérit, va en Catalogne, se bat, va prendre du service dans l’armée de Venise, se bat. Il fait partie de l’expédition d’Argos. Mme de Kœnigsmark au loin, dans le Nord, rêve qu’elle voit un Turc couper la tête de son fils. Aucun Turc ne lui coupe la tête, mais il meurt de la fièvre en Morée, tout platement. Quel âge lui donnez-vous, après tout cela ? — Il avait vingt-six ans !