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dresde

sermon, jugent la musique, accordent un rendez-vous, ébauchent une intrigue de palais, poursuivent comme à l’Opéra leur vie ardente et distraite… En vain de plus graves personnages leur ont succédé. Les charmantes loges, les guirlandes, toute cette joyeuse élégance était si bien accommodée aux figurines de Saxe que celles-ci, disparues, oubliées, semble-t-il, règnent encore sur l’église où quelque chose de leur grâce demeure, et rend l’air plus subtil.

C’est l’heure de la grand’messe. La nef s’emplit de fidèles venus pour prier, venus pour la musique aussi ! La chapelle de Dresde est justement célèbre. Tout en est excellent : l’orchestre, les chœurs d’un ensemble incomparable et qui, dans les nuances délicates, gardent tant d’énergie, une si belle carrure du rythme. Et puis, quel fini, quelle « propreté » ! Il faut en convenir, le goût des Allemands pour la discipline donne de merveilleux résultats… dans les orchestres.

On exécute une messe de Reissiger. Comment elle est, cette messe, je n’en saurai jamais rien. Il me paraît qu’elle manque d’originalité, mais je n’en suis pas sûre. L’église asservit despotiquement la musique. Écouté en un tel lieu, Parsifal suggérerait les images du xviiie siècle ! La messe de Ressiger est peut-être classique au dernier point, peut-être romantique à faire peur… Je crois entendre justement la messe qu’il faut pour évoquer la Cour d’Auguste II. Et lorsqu’au moment de l’élévation l’orchestre attaque une singulière pièce, qui semble