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dresde

son cheval une terre blanche, très pulvérulente, imagina de la faire sécher et, l’ayant broyée, de la vendre comme poudre à perruques. Boettcher, à qui son domestique versait chaque matin et copieusement de cette poudre sur la tête, s’avisa une fois que sa perruque pesait très lourd. Il se plaignit, et le valet avoua qu’il accommodait son maître avec la terre du forgeron. Je ne sais comment l’idée vint à Boettcher de cuire cette terre, mais enfin, il la cuisit : la porcelaine de Saxe était née. Outre ceci, la légende raconte encore que ce Boettcher s’obstina longtemps à chercher la pierre philosophale. Accusé d’avoir des affaires personnelles avec le diable, et poursuivi, il vint en Saxe. L’Électeur, dont l’esprit était large et qui ne trouvait rien à redire au diable, donna ordre à l’alchimiste de fabriquer de l’or sans rien attendre. Même, on l’enferma dans une bonne tour, afin d’éviter qu’il ne tombât en distraction. Boettcher se sauva, on le reprit, il eut mille désagréments, ne fit point d’or du tout, mais un beau jour, comme je vous l’ai dit, mit au four de la poudre à perruques, ensuite de quoi on le combla d’honneurs.

Rien de tout cela n’est vrai, sans doute. Je le regrette, car j’aime l’ironie de cette histoire. N’est ce pas bien qu’un homme qui consume ses jours et souffre, pour faire de l’or, et ainsi changer la vie du monde, aboutisse à trouver cette gentille chose fragile, inutile : la porcelaine ?

Après ces jouets exquis, on va voir les jouets tragiques : les armures.